PRINTEMPS
ÉTÉ 2024
PRÊT-À-PORTER
PRINTEMPS-ÉTÉ 2024
UN QUOTIDIEN SENSATIONNEL
Dans son livre hommage, l’actrice Marisa Berenson décrit un moment décisif dans la carrière de sa grand-mère Elsa Schiaparelli. Nous sommes en 1927 et Elsa admirait le pull d’une amie. Apprenant qu’il avait été confectionné par des tricoteuses arméniennes, elle les a retrouvées et leur a commandé son propre pull qui, écrit-elle, « devait ressembler au dessin primitif d’un enfant de la préhistoire ». Cette pièce, avec son nœud en trompe- l’œil délibérément imparfait et son humour surréaliste et décalé, fait immédiatement sensation et devient le premier succès d’Elsa.
PRÊT-À-PORTER
PRINTEMPS-ÉTÉ 2024
UN QUOTIDIEN SENSATIONNEL
Dans son livre hommage, l’actrice Marisa Berenson décrit un moment décisif dans la carrière de sa grand-mère Elsa Schiaparelli. Nous sommes en 1927 et Elsa admirait le pull d’une amie. Apprenant qu’il avait été confectionné par des tricoteuses arméniennes, elle les a retrouvées et leur a commandé son propre pull qui, écrit-elle, « devait ressembler au dessin primitif d’un enfant de la préhistoire ». Cette pièce, avec son nœud en trompe- l’œil délibérément imparfait et son humour surréaliste et décalé, fait immédiatement sensation et devient le premier succès d’Elsa.
Ce fut également le début de ce qui allait devenir la philosophie d’Elsa pour sa Maison : commencer par un vêtement de tous les jours - dans ce cas, un simple pull en laine - mais en faire quelque chose de sensationnel. Entre les mains d’Elsa, ce vêtement utilitaire est devenu un objet de discussion, de désir et de provocation. À partir de là, elle a créé des pièces emblématiques, qui ont marqué leur époque, avec des squelettes, des homards, des insectes et des animaux de cirque. Mais sa philosophie n’a jamais changé : prenez quelque chose d’ordinaire, et rendez-le extraordinaire.
De la tête aux pieds à orteils dorés, le prêt-à-porter Schiaparelli est un exercice pour rendre le quotidien plus vivant, plus surprenant. J’ai constaté que plus une pièce est familière - une chemise blanche impeccable, un trench fluide, une veste de smoking noire - plus il est plaisant de la redécouvrir en l’associant aux codes de la Maison, qui se révèlent souvent comme des secrets. Chaque bouton des manches est un bijou, reprenant l’iconographie passée et présente de la Maison : le trou de serrure, le cadenas, l’œil, le téton, la colombe. Le motif du Mètre Ruban qu’Elsa a commencé à nouer autour d’un flacon de parfum en forme de buste pour son parfum « Shocking » - orne désormais les bords des vestes de tailleur de tous les jours et des blouses du soir épiques.
L’humour présent dans chaque partie de notre héritage s’exprime le plus manifestement à travers nos deux sacs préférés. Tout d’abord, il y a notre sac à main Face bien-aimé, que j’appelle la « Madame Patate » de la Place Vendôme. (Je ne saurais vous dire combien d’histoires j’ai entendu de femmes arrêtées dans la rue, dans les aéroports ou dans les restaurants par des gens qui voulaient en savoir plus sur ce sac). Et puis il y a notre nouveau sac Schiap, un sac quasiment impossible à faire tant il est technique, en cuir trapunto : Napa coussinée cousue dans une répétition de mètres rubans, et réhaussé de notre trou de serrure martelé en or.
Cet humour et cet héritage se retrouvent également dans nos lignes de souliers. Notre trou de serrure orne les orteils de notre escarpin, et nos orteils dorés - un nouveau classique - notre nouvelle chaussure, inspirée d’une basket de sport typiquement américaine. C’est la fantaisie de la couture faite pour la rue.
Cette basket est particulièrement parlante pour moi parce qu’elle symbolise ce que je suis : un américain à Paris. Le prêt-à-porter est une combinaison des deux : le confort américain, et la rigueur du chic français. Cette collection de prêt-à-porter est le reflet de cette dualité. Une palette réduite de blancs et d’écrus contraste avec l’opulence des noirs et des ors de Schiap.
Comme nous devons le comprendre aujourd’hui, deux choses peuvent être vraies à la fois. C’est comme cela qu’est né le prêt-à-porter Schiaparelli. S’agit-il d’un vêtement de tous les jours et doit-il être, si j’ose dire, « facile » ? Oui. Mais doit-il aussi faire sensation, inspirer quelqu’un à traverser une pièce, être un écho extraordinaire de certains de nos meilleurs travaux en matière de couture ? Absolument. Elsa l’a fait la première. Nous le faisons à nouveau.
Daniel Roseberry
LOOKS
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