Maison de Prêt-à-Porter & Haute Couture Schiaparelli

En tant que stylistes, nous passons beaucoup de temps à réfléchir et à parler aux femmes de notre vie. Comment s’habillent-elles au quotidien ? Qu’est-ce qui leur permet de se sentir à la fois spéciales et à l’aise ? Qu’attendent-elles de leurs vêtements ?

Mes observations m’ont rappelé que les femmes que je connais s’habillent rarement, voire jamais, pour les hommes. Lorsqu’elles s’habillent, c’est pour d’autres femmes, et ce sont les louanges des femmes qui comptent pour elles. Elsa, elle aussi, ne se souciait guère du regard masculin : certes, elle collaborait avec de nombreux artistes masculins, mais si ses vêtements ont été confectionnés avec eux, ils n’étaient pas destinés à être regardés par eux.

J’ai eu envie de créer une garde-robe qui parlerait des contradictions inhérentes à la vie des femmes : comment leur offrir quelque chose qui s’inspire des archétypes masculins tout en leur permettant d’embrasser le divin féminin ? Comment leur donner quelque chose qui leur permette de se sentir dominantes quand elles en ont besoin... sans sacrifier leur sens de la tendresse ? Comment pourrais-je être là pour elles quand elles veulent être austères... ou plutôt baroques ?

Cette tension, entre le masculin et le féminin, entre la soumission et le contrôle, entre l’extravagance et la rigueur, donne à cette collection toute sa fantaisie. En effet, ces dualités ont inspiré nos tissus : les éléments durs, comme la botte de cow-boy classique, ont reçu une finition et une forme féminines. Le cuir travaillé (un autre élément essentiel du code du cow- boy) a été réimaginé sur les ceintures, les bottes et les sacs. Une petite pochette qui semble avoir été fabriquée à partir de fines feuilles de cuivre martelé est en fait créée à partir d’un cuir spécialement traité. Ce qui semble dur est en fait souple, et vice-versa.

L’aspect ludique de cette collection provient en grande partie de ses juxtapositions, de ses trompe-l’œil et de ses dimensions inattendues. Un motif de plumes gonflées a été floqué sur du double satin et estampillé sur du velours néoprène spongieux. Notre nouveau sac shopper à double anse supérieure est gonflé dans des proportions épiques : un endroit où une femme peut ranger toute sa vie lorsqu’elle se déplace. Notre sac Soufflé souple est recouvert de centaines de clous dorés étincelants. Ce qui ressemble à une jupe colonne en jacquard lourd est en fait un fil coupé léger comme l’air, en ivoire pur. Un body extensible floqué a l’air contraignant mais se porte en fait comme un justaucorps. Nos bijoux en or emblématiques ont également gagné en légèreté, nos motifs préférés (yeux, nez, trou de serrure signature) trouvant une nouvelle vie dans des boucles d’oreilles et des colliers chandeliers en métal doré texturé. Les silhouettes rendent hommage à mon enfance au Texas, où j’étudiais déjà à l’époque l’iconographie locale : il y a des versions de pièces classiques du ranch telles que le « duster coat », le jean à jambes arquées, la botte de cow-boy Red Wing et la boucle de ceinture de cow-boy surdimensionnée (ici décorée avec les codes iconiques de la Maison : le trou de serrure et le homard). Ces vêtements étaient conçus pour être pratiques et, au fil des ans, ils ont acquis un style propre et reconnaissable.

Il y avait aussi quelque chose d’autre derrière cette collection. En cette ère post-réseaux sociaux, où beaucoup d’entre nous sont lassés et dégoûtés de vivre leur vie à travers l’écran, nous sommes nombreux à nous demander ce qui donne un sens à la vie. Le sens vient de la reconnaissance de ce qui est encore précieux dans la vie - les choses et les personnes qui ne peuvent pas être reproduites. Les choses et les personnes qui doivent être vécues physiquement et personnellement. J’ai passé ces derniers mois à parler moins et à écouter davantage. Je voulais faire des choses qui puissent inspirer et qui ne puissent jamais être reproduites par la fast fashion. Les femmes de ma vie sont des étoiles solitaires - il n’y a personne d’autre comme elles, et il n’y en aura jamais. J’espère qu’elles, et toutes les femmes, ressentent la même chose à propos de ces vêtements
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Daniel Roseberry